Il suffit parfois d’un rien… et d’une fraise Tagada !, Tiphaine Hadet, Librinova

« Pas tous. Mais ils sont nombreux. Aveuglés par leur image. Par l’argent. Par le bling-bling qui en découle. Le jour d’un mariage, ce qui compte, ce sont les mariés. Certes, on doit se faire beau mais pas vouloir à tout prix être l’attraction de la journée. Une telle fête, c’est pour honorer l’amour de deux êtres, pas un défilé de mode qui leur volerait la vedette. »


« Sans regret, je regagne la chambre du château dans laquelle nous avons déposé nos affaires. Luisa dormira là ce soir. Pour ma part, je préfère retrouver le centre parisien et mon lit. Je repose prestement ma robe fraise Tagada sur son cintre, quitte mes bourreaux pédestres pour retrouver le confort de mes baskets mais ne touche pas à mon chignon. »

J’ai lu cette nouvelle hier après-midi, accompagnée d’un bon café et de quelques fraises Tagada – titre oblige ! J’ai découvert Tiphaine Hadet en arrivant dans cette nouvelle académie, en octobre, alors que je demandais à ma libraire quelques recommandations. C’est le premier qu’elle m’a conseillé, en plus, elle est originaire d’ici. Je craque donc pour Le bonheur arrive toujours sur la pointe des pieds. C’est toujours agréable de découvrir un auteur quand on arrive dans sa région ! J’avais adoré ce roman, qui – coïncidence ou pas – met en scène un personnage qui fait les mêmes trajets que moi en voiture pour retrouver les siens ! J’ai donc découvert avec beaucoup de plaisir cette nouvelle, parue en février 2019.

Caroline vit avec sa maman, gouvernante d’une riche famille, celle des Freunberger. Caroline a une aversion pour la superficialité et l’hypocrisie, trop récurrente, chez les gens de la haute société. Le mariage de Victoire – une de ses anciennes amies, que la condition sociale de chacune a séparées – se prépare. Une dernière retouche maquillage et la voici au bras d’un chevalier qui lui est inconnu : manifestement, elle s’est trompée de carton d’invitation…

L’autrice, en alliant avec justesse humour et simplicité, lance une réflexion sur la scission qui peut exister entre les bien nés, et les autres. Pourtant, la fin de cette nouvelle laisse envisager une véritable union de ces deux univers, par le biais des sentiments humains, qui, eux, sont universels. La fin, ouverte, vous permettra de tisser la suite de l’histoire… Parce que, oui, nous attendons bien la suite ! Tiphaine Hadet, à coup sûr, vous fera passer un bon moment lors d’une cérémonie de mariage, où les amuse-bouche sont… des fraises Tagada !

Une évidence, Agnès Martin-Lugand, Michel Lafon

« Il faisait durer le plaisir de l’avant, cette adrénaline où tout est permis, où tout est envisageable. Le passage étant étroit par moments, notre balade nocturne se fit épaule contre épaule. Il fit une halte au-dessus d’une plage presque entièrement recouverte par la marée, je devinais un plongeoir au loin. D’un même geste, on s’accouda au muret. »
« Cette route était ma route vers le purgatoire, j’allais être punie de mes erreurs. Le hasard venait de me tordre le cou. Pourtant, j’avais toujours du mal à y croire. Ce n’était pas possible, cela ne pouvait pas avoir lieu. »

J’attendais le jour de sortie de ce dernier roman avec impatience, comme tous les nouveaux livres d’Agnès Martin-Lugand. Tous, sauf le premier. Je l’avais acheté en poche, et alors que je rédigeais mon mémoire, je pris une pause. Je m’étais fixée une petite heure pour redonner une fraîcheur à mon écriture. Ce jour-là, la pause s’est prolongée davantage, et je n’ai pu reprendre mon mémoire qu’après avoir fini mon roman. Quand j’ai lu Les gens heureux lisent et boivent du café, les personnages, les paysages, étaient si nets dans mon esprit que j’ai vraiment ressenti cette sensation de manque en refermant le livre. Tous les romans d’Agnès Martin-Lugand me font cette impression. C’était donc une évidence de vous présenter aujourd’hui ce roman…

Reine a une vie routinière entre son travail avec son associé Paul, et son fils de dix-huit ans, Noé. Leur lien semble indestructible, entre partage du quotidien, et l’apprentissage de la vie d’adulte de Noé. Cette année sera un véritable tournant : il passe son bac. Paul et Reine ont un potentiel client avec les Quatre Coins du Monde, café qui veut se refaire une vitrine internet. C’est naturellement que Reine se rend à Saint-Malo, destination rêvée par son fils depuis tant d’années. Elle ne s’attendait pas à tomber sur lui, sur eux. La Reine perdra-elle le contrôle de sa vie, si bien menée jusqu’à présent ?

Un roman, comme toujours, empli de tendresse, de passion, d’amour, d’espoir mais aussi de douleur, ces bosses que peuvent nous faire la vie. Agnès Martin-Lugand réussit à expliciter les sentiments humains ainsi que les liens que nous tissons, nous autres, avec nos proches – et nos proches un peu plus lointain : l’auteur remet au centre de sa réflexion la question de la famille. Si le roman est riche en aventure, le lecteur devenant aussi impuissant que Reine, en refermant le livre, vous vous direz que tout n’est qu’évidence, que, peut-être, effectivement, rien n’arrive pas hasard…


Silences glacials, Gwendoline Cachia, Nouvelles Plumes

« Elle ne comprenait pas ce qu’il disait. Pouvait-il lui dire de boire de l’eau comme si cela allait tout effacer ? Ses yeux restaient rivés sur Enrico. Y avait-il une limite à ce que l’homme pouvait faire subir à ses semblables ? Y aurait-il un jour une fin aux guerres pour qu’enfin on ne fabrique plus de telles horreurs ? Ces questions se télescopaient dans son esprit confus sans qu’elle ne pût y réfléchir vraiment. »

« Nous faisons un métier dangereux, dans un monde dangereux ! »

               Avant toute chose, il faut que je vous raconte ma rencontre, notre rencontre avec ce livre – ou plutôt avec son autrice. Un vendredi, Maman m’appelle pour m’annoncer qu’elle a rencontré, dans une salle d’attente, une patiente qui écrit… et dont le livre a été publié il y a peu, édité par Nouvelles Plumes (édition connue pour lancer de nouveaux talents). Ce livre, c’est Silences glaciales, et l’autrice, Gwendoline Cachia. Il est, pour l’instant, en exclusivité chez France Loisirs. Je m’empresse donc de me rendre dans ma librairie (vous l’aurez compris, toujours la même), qui, par chance (ou par signe du destin !) a une aile France loisirs ! Je repars avec ce livre sous le bras et j’en envoie la photo à Maman. Dire que sur la Côte, certains ont du mal à le trouver, moi, à près de neuf cents kilomètres, je l’ai en ma possession ! Descendant dans la foulée sur cette Côte natale, pour les vacances, je le livre donc à Maman. Elle le lit avec des Wouah il est trop bien, il faut que tu le lises tu vas aimer c’est sûr. Entre temps, je rencontre – dans cette même salle d’attente – l’autrice en question. Très sympathique, nous bavardons un moment de ses inspirations, de ce chemin d’écriture qui est une passion. Elle nous dédicace le livre. La fin des vacances est annoncée, je remonte avec le livre. Décidément, c’est un livre voyageur… Mais maintenant que je l’ai lu, cela ne m’étonne pas vraiment…

Diane vit en Australie. C’est la destination qu’elle a choisi pour se reconstruire. Ancienne scientifique au sein de l’armée française, elle se reconvertit dans une entreprise de cosmétiques pour tenter d’oublier son passé : un mari, lui aussi membre de l’armée, décédé lors d’une mission. Elle en ignore les conditions et rencontre des difficultés à faire son deuil… Comme si son défunt mari, Peter, la hantait. C’est Dennis, le frère jumeau de son mari – meilleur ami de Diane – qui va venir la chercher, et donner à jamais un nouveau souffle (glacial ?) à sa vie…

Si le début de l’histoire est une triste histoire de vie, une reconstruction pénible d’un personnage, très vite, la science-fiction vient s’en mêler. L’autrice réussit avec brio à mêler histoire d’amour, psychologie et science-fiction. Un livre qui ne demande qu’un deuxième volume, et une adaptation au cinéma ! L’histoire si bien ficelée pourrait déchirer le grand écran ! Ce n’est pas nous, lecteurs, qui avalons le livre mais c’est bien Lui qui nous avale. Pourtant, pas besoin de combinaison, c’est trop tard, le virus de ce livre est inscrit en vous, et une petite voix vous murmure que vous ne pouvez pas le lâcher…

Cavale ça veut dire s’échapper, Cali, Cherche midi

« Revenir à l’amour. Je me contente de ce que je n’ai pas. Notre mesure, notre cri, ce hurlement au fond de l’espoir. »

« La déchirure, c »est quand on tient un morceau de la photo dans chacune des mains. C’est jamais bien quand on essaye de la recoller. Il est beau ce mot : « déchirure ».

Jeudi 14 mars. Aujourd’hui sort le nouveau roman écrit par Cali, ce chanteur-poète français que j’apprécie. Je n’ai pas lu son premier roman et je ne sais de ce fait à quoi m’attendre, mais s’il est à la hauteur de ses textes de chansons alors, je ne devrais pas être déçue ! Je me précipite donc chez ma libraire, et repart avec Cavale ça veut dire s’échapper (et, vous vous doutez bien qu’il m’est compliqué de repartir avec un seul livre de la librairie, L’expérience de la pluie sorti ce jour également, et Chroniques de San Francisco qui m’est offert). Une fois rentrée, je le regarde, le contemple, j’ai hâte de le commencer mais déjà l’heure de rejoindre mes élèves sonne. Je le lirai finalement en deux après-midi, profitant du week-end…

L’adolescence, seize ans, l’âge transitoire entre l’enfant que nous sommes et l’adulte que nous allons devenir. C’est le moment où Cali se construit, se pose des questions sur ce qu’il est – ou plutôt, ce qu’il doit être. Ils sont quatre copains. Ensemble, ils vont monter un groupe de musique. Lorsqu’il voit Fabienne, il reconnait sans même l’avoir connu précédemment l’amour. Le vrai. L’unique. Il en est convaincu, Fabienne est l’amour de sa vie. Mais rien ne va se dérouler comme l’imagine le jeune Bruno…

« Est-ce qu’on meurt d’amour ? » Cali se livre, se dissèque au fil des pages. Il s’est construit dans la souffrance. Ce roman est une véritable mise à nu. Si le style peut laisser perplexe au début par son oralité, il en devient le rythme du roman. Et, puisque Cali est un chanteur, nous pourrions voir l’album Menteur comme la bande originale de ce roman ! 

La boîte de Pandore, Bernard Werber, Albin Michel

« Comme si nous étions des personnages de roman. Nous croyons que nous agissons en notre âme et conscience, en faisant des choix à chaque seconde, guidés par notre libre-arbitre, et pourtant… »

Noël 2018 : Maman commande au Père Noël La boîte de Pandore de Bernard Werber. Evidemment, le 24 au soir, ô surprise, il est sous le sapin ! Maman le lit donc, puis c’est Papa qui le dévore. Les deux l’ont adoré ! Jamais deux sans trois, je serai cette troisième lectrice à parcourir ce livre, maintenant familial ! Je l’ai donc mis, à la fin des vacances, dans mes bagages avant de retrouver ma campagne.

L’hypnose. On y croit, ou on n’y croit pas. Elodie réussit à traîner René, son collègue professeur d’histoire géographie, dans la péniche La boite de Pandore, à un numéro d’hypnose. Pas de chance, il est choisi comme cobaye. Lui qui n’y croit pas pense ne pas risquer grand-chose – à part, éventuellement une ridiculisation sur scène. Pourtant, le charme opère, ouvrant à jamais la boîte (de Pandore) de René, et libérant tout son contenu …

Un livre captivant, tant par son récit que par ses notes historiques ! Bernard Werber nous entraîne dans un monde parallèle, en dressant le portrait de notre prétendue civilisation et de son évolution – tantôt positive, tantôt négative. Un livre difficile à reposer tant qu’il n’est pas fini !

Heureux comme Harry, Deana Luchia & Harry, Editions n°1

« Si seulement vous pouviez vous voir comme on vous voit : vous êtes la meilleure, la plus tendre des personnes de l’Univers. »

« Quelques-uns d’entre vous, les humains, vivez beaucoup dans le passé. Vous en parlez, vous l’analysez et vous paniquez à son propos. Quelques-uns d’entre vous utilisent le passé comme une excuse pour leur conduite dans le présent. »

« Félicitez-vous constamment – pour toutes les grandes choses que vous accomplissez. Pour les petites choses aussi. Pour avoir été gentil. Pour avoir été drôle. Pour avoir été patient. Pour n’avoir pas mangé la dernière saucisse ».

Ce livre est l’âme de ma bibliothèque. J’ai été mutée en septembre dernier à plus de 800 kilomètres de mes racines, et j’ai décidé de partir sans livre, me disant que, de toute façon, ma nouvelle bibliothèque allait se remplir à vue d’œil. Ce livre est le premier que j’ai acheté, en septembre, dans ma librairie préférée. Je me souviens de sa lecture : c’était mon premier week-end, seule, dans cette région que je ne connaissais pas. J’ai passé un très bon moment avec lui, c’est pourquoi j’ai souhaité le partager avec vous.

Harry est un chien pas comme les autres. Né dans un chenil, il perd son œil gauche suite à une infection mal soignée. Il n’a rien : pas de famille, pas de maison, pas d’amour. Jusqu’au jour où Deana Luchia décide de l’adopter. Harry nous raconte alors sa vie et surtout, notre vie. Avec ses copains chiens, il nous étudie dans notre quotidien pour nous livrer un recueil de pensées positives.

Parce que faire parler un petit chien au sujet de l’humain nous fait prendre conscience de qui nous sommes, des instants que nous ne savons pas apprécier, des problèmes que nous nous imposons. Un livre plein d’émotions, et surtout très drôle !

Vous aimer, Caroline Bongrand, Pocket.

« Il faut une vie pour s’aimer. Se pardonner ce qu’on n’est pas, apprivoiser ses défauts, comprendre enfin qu’ils n’en sont pas, être tendre avec soi. »

Je n’ai pas choisi ce livre. Je ne l’avais même jamais vu en librairie. Il est – aussi étonnant que cela puisse vous paraître – arrivé dans ma boîte aux lettres, emballé dans un beau papier de soie. Cela fait maintenant quatre mois que j’attends tous les mois ma box, ouvrant ma boîte aux lettres avec impatience lorsque je sais que les livres sont en chemin. Cette box, c’est la box le ptit colli. J’ai découvert ce concept il y a donc quelques mois, et je n’en suis pas déçue ! Je vous explique : vous créez votre compte, vous choisissez quels genres de romans vous aimez (à l’appui, vous glissez dans votre bibliothèque virtuelle, vos romans fétiches), et, enfin, vous décidez si vous voulez être surpris (un peu, beaucoup ou… pas du tout !). Pour ma part, je la reçois tous les mois mais vous pouvez prendre un abonnement moins fréquent. Pour les intéressés, voici le lien : https://blog.collibris-app.com/le-ptit-colli-une-experience-de-lecture-unique-et-personnalisee/

         Elle, quarante-cinq ans, une vie de couple quoi de plus banale, avec ses hauts et ses bas. Une vie bien réglée entre les enfants à élever et les reproches de son mari sur ceci, sur cela : sur tout ce qu’elle est. Jamais assez ceci, trop cela… Elle, malgré l’usure du quotidien sur les sentiments, s’interdit de croire aux contes de fées. Pourtant, il est bien là. Une rencontre, puis deux : la naissance d’une fulgurance, d’une passion amoureuse…

Une histoire de vie, mais aussi une réflexion sur l’amour, sur la prise que peut avoir le quotidien sur un couple. Un roman dont on ne saurait prévoir la fin…

La frivolité est une affaire sérieuse, Frédéric Beigbeder, Editions de l’Observatoire.

« Lire, c’est comme prendre un petit-déjeuner dans un palace en faillite : on attend la fermeture. Il en reste des impressions, des souvenirs, des figures et un style ».

J’ai toujours adoré le style de Beigbeder. Adolescente, je lisais les aventures de Marc Maronnier dans les différents romans de l’auteur. Cela faisait un moment que je ne retrouvais plus l’auteur que j’avais tant aimé durant ma jeunesse, me demandant si c’était le fait d’avoir grandi ou si c’était lui qui avait changé… Tombée par hasard sur La frivolité est une affaire sérieuse, je l’ai lu sans a priori et sans attente…

L’auteur parle en son nom. Ce livre n’est pas un roman, mais un assemblage de différentes chroniques, répertoriées en trois classes : avant 2015, pendant 2015, après 2015. Les sujets sont variés : on passe du quotidien de la vie de l’auteur à des phénomènes mondiaux, en passant par la politique… Le tout soutenu par une véritable réflexion sur le monde, sur sa décadence, et sur la place de la littérature (écriture et lecture) aujourd’hui.

Un livre à picorer ou à lire dans un seul mouvement, avec ce style de Beigbeder que j’affectionne tout particulièrement, d’une complexe simplicité. Dire les choses les plus complexes par un choix judicieux de simples mots.

Une sirène à Paris, Mathias Malzieu, Albin Michel

« Ça n’existe pas les sirènes. Gaspard était expert en rêverie. Il pouvait imaginer toutes sortes de choses. Mais là, c’était la réalité. Il n’avait bu que du thé à la menthe, et à part un Doliprane et de la vitamine C, il n’avait consommé aucune drogue. Et se frotter les yeux ne changeait rien à ce qu’il continuait de voir… »

A chaque fois que Mathias Malzieu sort un nouveau roman, à sa vue dans les rayons, on s’en empare sans réfléchir, avec des étoiles plein les yeux. Peut-être que Mathias Malzieu ne vous dit rien, mais connaissez-vous le groupe de musique Dionysos ? Il en est le chanteur, et sort souvent la musique de son roman (ou le roman de sa musique). Pour ma part, j’ai découvert le groupe et l’auteur avec La Mécanique du cœur. Ce dernier m’avait enchantée. C’est tout naturellement que j’ai donc lu en ce samedi 9 mars après-midi, son dernier roman : Une sirène à Paris. Un titre qui, a priori, promet de belles rencontres !

2016, la Seine déborde : Paris est submergé. Gaspard n’est pas né avec le cœur gelé mais a décidé de ne plus aimer après une rupture difficile. Il ne se sent bien qu’au Flowerburger, le bateau cabaret laissé par feue sa grand-mère Sylvia. Camille, le père de Gaspard, prend la décision de vendre le bateau, héritage de Sylvia. Une façon, selon lui, de tourner la page et d’aller de l’avant. Libérer Gaspard de ses fantômes-souvenirs. Que Gaspard va-t-il devenir sans sa seule bouffée d’air aquatique ?

Le long de la Seine, il va faire une des rencontres les plus surprenantes. Du jeune homme vivant dans son passé, il va devenir l’acteur principal d’un drôle de présent.

Quelle parenthèse enchanteresse ! Le temps s’arrête à la lecture de ce livre. Une bulle de savon sortie du bain nous enveloppe, devenant notre nid douillet pendant la lecture, et qui éclate quand on referme le livre. C’est un véritable conte que nous propose Mathias Malzieu, un « putain de prince charmant avec une belle au bain dormant ».

PS : lorsque vous arriverez page 154, n’oubliez pas de passer la musique Une sirène à Paris du groupe Dionysos, les personnages prendront (encore plus) vie durant le temps d’une chanson !

Deux Soeurs, David Foenkinos, Gallimard.

« Elle finit par remonter chez elle, l’ivresse ne l’avait pas délivrée. La douleur qui s’emparait d’elle offrait à son corps une acuité sans faille. Le châtiment à venir serait celui de la lucidité la plus acide. »

« Pour la première fois, elle ressentit une sorte de rage. L’envie de trouver des coupables à son désarroi. Une violence inédite la traversait, puis elle se calmait, puis cela revenait, et ainsi de suite. Son état faisait des aller-retours entre la hargne et le découragement. C’était épuisant, mais elle ne parvenait pas à dormir, comme condamnée à observer froidement sa chute. »

Pour ce second article, j’ai choisi de vous parler du dernier David Foenkinos (lui aussi un de mes auteurs fétiches), lu dans l’après-midi, parce que quand on le commence, on ne le repose qu’une fois fini. Non pas parce que le suspense est intenable, mais parce qu’on ne se rend pas compte du temps qui passe au côté de ces personnages…

Mathilde, professeur de français, nage dans le bonheur. Enfin, c’est ce qu’elle laisse paraître. Très vite, on se rend compte que son couple part à la dérive. Une dérive qui se solde par le départ de son compagnon. Commence alors le récit d’une vie qui bascule, après ces quelques mots « je te quitte. Notre histoire est finie ». On suit l’évolution de Mathilde, sa destruction puis sa reconstruction.

L’universalité de la rupture, son incompréhension et la douleur qu’elle peut engendrer sont (trop) bien décrites, laissant le lecteur dans cet inconfort, ce vide si caractéristique à ces moments de la vie. Une fin osée, qu’on ne soupçonne pas. On en tombe dans les dernières pages. Un roman qui pose la question de l’équilibre de soi, qui ne tient parfois qu’à un fil. L’égoïsme humain a-t-il des limites ?