« Alors j’ai su que je ne jouerais pas Funérailles de Liszt, mais une pièce bien plus longue, en quatre mouvements, sans compter la cadence réservée au soliste. Une œuvre écrite pour violon et orchestre, dont je connaissais la transcription au piano par cœur pour l’avoir répétée mille fois avec mon frère. L’Opus 77. »
« Mais revenons à l’Opus 77. Le Nocturne est le seul des quatre mouvements à user d’instruments fantasmagoriques, harpes, tam-tam, célesta. Le soliste traverse ce paysage de mort et de désolation en ruminant la même mélodie obsessionnelle. C’est une quête sans espoir, l’histoire d’une âme errante armée d’un petit violon pour unique compagnon. »
J’ai découvert l’auteur, Alexis Ragougneau, en même temps que son nouveau roman. Je remercie l’équipe de Babélio ainsi que le service presse de Viviane Hamy pour l’envoi de ce roman. Le titre a tout de suite eu un certain écho en moi. Etant musicienne, c’est toujours agréable de lire des romans qui parlent de manière précise, de musiciens et de leur vie. J’ai eu le plaisir d’assister à l’entretien avec, entre autres, Alexis Ragougneau (c’est ici https://hipelos.home.blog/2019/09/24/comme-si-vous-y-etiez-le-livre-sur-la-place-15-09-19-nancy-quand-la-musique-fait-verbe-table-ronde-avec-laure-dautriche-julien-decoin-et-alexis-ragougneau-animee-par-baptiste-liger-directeur-d/ si vous n’avez pas lu la chronique à ce sujet). J’ouvrais donc ce roman avec une attente particulière, celle de retrouver la résonance de l’opus…
Ariane Claessens, pianiste internationale, enterre son père, chef d’orchestre reconnu. Alors qu’elle est au piano pour jouer l’Opus 77 – célèbre concerto pour violon de Chostakovitch – le jour des funérailles, elle nous conte son histoire : celle d’une petite fille qui a grandi dans l’univers rigoureux et impétueux de l’apprentissage de la musique, et d’un grand frère, David, qui a préféré se retirer du monde. La disparition de leur père va renouer ce contact perdu. Si Ariane a réussi dans la musique, David – qui en avait toutes les qualités – a été brusqué et a perdu toute confiance…
Ce roman épouse effectivement les différentes parties du concerto. On suit les différents thèmes, les variations. Le tempo est effréné, puis quelques points d’orgue viennent prolonger la pensée des personnages. Ce roman permet de voir la dure réalité de ce métier : l’endurance de l’apprentissage, les professeurs qui peuvent parfois être odieux, la pression de la réussite, la sélection des concours… Opus 77 est bien ici une œuvre musicallittéraire, où la voix du soliste, l’auteur ne fait plus qu’un avec l’orchestre, ses personnages.
