Comme si vous y étiez: le livre sur la place, 14.09.19, Nancy – entretien avec Michel Bussi

« Ecrire, c’est comme un grand souvenir de vacances. »

Nous sommes samedi 14 septembre, il est neuf heures et vingt minutes lorsque j’arrive devant l’hôtel de ville. Déjà quelques personnes font la queue pour assister à l’entretien avec Michel Bussi, mené par Laure Dautriche, journaliste à Europe 1 mais aussi musicologue qui vient de sortir Ces musiciens qui ont fait l’Histoire, aux éditions Tallandier (je vous parlerai d’elle plus longuement dans une chronique du dimanche 15 septembre). 

Les portes ouvrent, et après le contrôle des sacs, la foule s’empresse dans les escaliers. Dix heures pétantes, Michel Bussi arrive sous les applaudissements du public. Plusieurs axes seront développés durant cet entretien, autour de son dernier roman J’ai du rêver trop fort, duquel j’ai fait la chronique il y a quelques temps (si vous ne l’avez pas encore lue, c’est ici https://hipelos.home.blog/2019/06/01/jai-du-rever-trop-fort-michel-bussi-presses-de-la-cite/)

Michel Bussi avait cette volonté, depuis longtemps, d’écrire une histoire d’amour avec une dimension de suspense et d’énigme. Il ajoute qu’il veut « mélanger les deux genres », sans qu’ils s’opposent ou se détruisent. Pour l’auteur, qui affirme que tout le fantastique a toujours une explication rationnelle, la question qui l’anime est : « à quel moment bascule-t-on dans l’irrationnel ? »

Si Michel Bussi mûrit ses histoires parfois très longtemps avant de les coucher sur le papier, ce qu’il cherche avant tout – notamment dans ce dernier roman – c’est « écrire ces petits instants qui font basculer une vie ».

La musique occupe une place importante dans ce roman. Il a d’ailleurs confié les paroles de la chanson qu’il a écrites dans son roman à Gauvain Sers, que vous pouvez écouter sur son dernier album Les Oubliés, sous le titre Que restera-t-il de nous ?

Les questions suivantes sont plus orientées vers le processus d’écriture, et sa vie en tant qu’écrivain. Aussi, il avoue que c’est une satisfaction de se séparer des personnages à la fin de l’écriture. C’est une forme de libération. Il dit qu’  « écrire un roman, c’est les [personnages] faire sortir ».

Son moment préféré dans le processus d’écriture reste celui où il invente l’histoire, ce « fantasme dans la tête ». Il s’attache avec minutie à trouver le bon mot à chaque instant. A ce titre, il nous rappelle que le vocabulaire doit être adapté au héros pour que le lecteur puisse y croire. Aussi, il ne va pas à la facilité du synonyme mais préfère utiliser des périphrases. Enfin, quand Laure Dautriche l’interroge sur la notion de succès, Michel Bussi répond qu’il lui a apporté une certaine liberté.

Si vous ne l’avez pas encore lu, son dernier roman, J’ai dû rêver trop fort, est chez Presses de la Cité. Sinon, il vous faudra attendre la sortie de son prochain roman début 2020. Mais avant, en octobre, il y a une surprise à venir… Restez connecté(e)s !

Le livre sur la place, Nancy, journée du samedi 14 septembre 2019.

J’ai décidé de vous emmener- oui, vous mes chères lectrices et chers lecteurs- au Livre sur la place. Le Livre sur la place est le premier salon national de la rentrée littéraire. J’ai donc posé mes valises pour le week-end à Nancy.

Dès lundi, vous retrouverez des chroniques détaillées sur les différents entretiens auxquels j’ai pu assister aujourd’hui, ce samedi 14 septembre. Voici donc le programme :

Entretien avec Michel Bussi pour son roman J’ai du rêver trop fort

La littérature comme réinvention du réel : échange avec Alexandre Jardin (Le roman vrai d’Alexandre) et Gaël Tchakaloff (Vacarme)

Prix Stanislas, décerné à Victoria Mas (le Bal des folles)

Entretien avec Patrick Poivre d’Arvor (La vengeance du loup)

Écrire l’intime dans l’ombre des autres : échange avec Jean-Philippe Blondel (La grande escapade), Sarah Chiche (Les enténébrés) et Pierre Assouline (Proust par lui-même)

Et un autre programme tout aussi varié et intéressant pour demain ! À très vite !

La grande escapade, Jean-Philippe Blondel, Editions Buchet/Chastel

« Si on lui avait demandé à ce moment-là comment elle définirait une vié idéale, elle aurait instinctivement répondu « sans hommes ». Voilà. Une existence célibataire, où l’on pouvait aller et venir à sa guise, découvrir la capitale en solitaire, s’attabler à un restaurant avec un roman ou un magazine et où personne, jamais, n’exigeait quoi que ce soit. »

« … c’est presque une famille, non, un groupe scolaire, une société minuscule, un théâtre de poche, mais chaleureux, oui, chaleureux, ensoleillé, radieux, c’est ça, un groupe solaire, un vrai groupe solaire, elle est bonne celle-là non ? » 

Parmi les livres de la rentrée littéraire que j’attendais avec impatience, il y avait La grande escapade de Jean-Philippe Blondel. J’avais découvert cet auteur, à l’époque, avec son roman 06h41, que j’avais dévoré. Il en avait été de même avec Un hiver à Paris et Mariages de saison. Je dois avouer que les romans précédents – lus bien après leur publication – m’ont moins plu… Dès la sortie de La grande escapade, je me précipitai pour l’acheter…

Nous sommes en 1975. Philippe Goubert est non seulement élève du groupe scolaire Denis Diderot, mais aussi le fils d’une des institutrices. Un nouvel instituteur – à la pointe des nouvelles pédagogies – est nommé au sein du groupe. Il ne comptait pas revoir Michèle Goubert, cet amour de jeunesse. Ils vont pourtant devoir se côtoyer, puisqu’ils sont désormais collègues. Tous deux mariés chacun de leur côté, leur souhait de discrétion va être ébranlé par les autres personnages du roman…

Ce roman nous replonge dans l’école des années 70. Le lecteur prend conscience de la vie d’un groupe scolaire lorsqu’il n’y a plus d’élèves. Encore aujourd’hui, nos élèves ont toujours cette fascination à nous imaginer une vie après nos cours. Pourtant, elle existe bien, cette vie dite normale. Dans ce roman, on découvre cette société en modèle réduit que peut offrir la pluralité des caractères humains dans ce groupe scolaire parisien des années 1970. Grâce à cette disparité, le groupe n’en est que plus solaire

Méto, la maison, Yves Grevet, Editions Pocket jeunesse.

« Je repense à ce que m’a dit Rémus : « Dans trois ou quatre mois, tu es fini. » C’est quoi, finir ? Qu’est-ce qui m’arrivera ? Et Quintus, traîné par deux monstres dans un sac, il y a deux semaines… Qu’est-il devenu ? Est-il encore en vie ? Je me suis fait à l’idée qu’on nous recyclera dans un emploi, ailleurs. On ne peut pas nous avoir entraînés et éduqués chaque jour pour ne rien faire de nous au bout du compte. »

« Cette scène du ruban brisé, je l’ai vécue des dizaines de fois, mais aujourd’hui je la vois avec des yeux neufs. Avant cet instant, je l’avais toujours considérée comme une étape naturelle, un passage obligé dans une évolution inéluctable. Mais c’est une mise en scène, un acte provoqué pour rétablir un équilibre. »   

Revenons avec ce roman, Méto – tome 1 la maison, sur ma sélection de l’été. J’avais littéralement flashé sur cette couverture des plus intrigantes, et par un résumé sur la quatrième de couverture qui l’est tout autant… J’apprécie, de façon générale, assez peu les trilogies, mais je dois avouer que je n’ai qu’une hâte, lire la suite de celui-ci…

Méto est un rouge : un des grands de la maison. Un de ceux qui vont bientôt craquer leur lit parce qu’il est trop grand, et qui va donc disparaître. Des enfants vivent dans cette maison, qui semble coupée de tout. Entre règles strictes, sport et cours de différentes disciplines, les enfants sont conditionnés à un rythme de vie bien précis. Mais Méto ne se satisfait plus de ce dernier. Que se passe-t-il la nuit ? Où vont les enfants qui ont trop grandi ? Méto se lance dans une enquête qui ne le décevra pas…

J’ai adoré ce livre ! Malgré l’histoire qui pourrait sembler absolument fictive, à bien y réfléchir, on peut y déceler une dénonciation de certains pans de la société. Des situations incongrues, des sports imaginés, une punition qui rafraîchit les esprits (être enfermé dans un frigo). Ce roman est un parfait alliage de fiction et de réalisme. Un roman au parfum de séries comme Lost ou Under the dome

Soif, Amélie Nothomb, Editions Albin Michel.

« Je connais les compléments d’objet et jamais les compléments circonstanciels. Donc non, je ne suis pas omniscient : je découvre les adverbes au fur et à mesure et ils me sidèrent. On a raison de dire que le diable est dans les détails. »

« Il y a des gens qui pensent ne pas être des mystiques. Ils se trompent. Il suffit d’avoir crevé de soif un moment pour accéder à ce statut. Et l’instant ineffable où l’assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d’eau, c’est Dieu. »

Qui dit rentrée scolaire, dit aussi rentrée littéraire ! Afin de vous proposer toutes sortes de lecture, j’intercalerai donc le restant des chroniques de ma sélection de l’été, et celles de la rentrée littéraire. J’ai choisi de lire Soif d’Amélie Nothomb. J’ai adoré certains romans de l’autrice – autant que j’en ai détesté ! C’est donc avec une curiosité certaine que j’ouvrais ce livre, d’autant plus que la quatrième de couverture est plus qu’énigmatique : « pour éprouver la soif il faut être vivant »…

Le roman s’ouvre visiblement sur un procès. Au bout de quelques pages, on comprend que c’est celui de Jésus. Entre interrogations et remémoration de souvenirs, il nous livre ses pensées, du procès jusqu’à la résurrection.

Un livre étonnant, et détonnant. On ne s’attend pas à ce récit réflexif sur la vie à travers les pensées de Jésus. Entre fiction et histoire, ce roman est pourtant moderne. Quelques passages peuvent être dérangeants, mais ne lit-on pas aussi pour cela ? Vous l’aurez compris, un roman atypique !

Manuel du guerrier de la lumière, Paulo Coelho, Editions J’ai lu.

« Ecris : un guerrier de la lumière prête attention au regard d’un enfant, parce que les enfants savent voir le monde sans amertume. Lorsqu’il désire savoir si une personne est digne de confiance, il la regarde avec les yeux d’un enfant. – Qu’est-ce qu’un guerrier de la lumière ? – Tu le sais, répondit-elle en souriant. C’est celui qui est capable de comprendre le miracle de la vie, de lutter jusqu’au bout pour ce en quoi il croit, et – alors – d’entendre les cloches que la mer fait retentir dans ses profondeurs. » 

« Les idées nouvelles ont besoin d’espace. Le corps et l’âme ont besoin de nouveaux défis. Le futur est devenu présent, et tous les rêves – sauf ceux qui reflètent des idées préconçues – auront l’occasion de se manifester. »

J’ai toujours aimé lire Paulo Coelho. J’ai trouvé celui-ci cet été lors d’une escapade shopping. Je ne le connaissais pas du tout mais j’ai toujours apprécié les manuels, et c’est tout naturellement que je choisissais alors de le mettre dans ma besace !

Le petit garçon ne peut s’empêcher de regarder la mer, à la recherche d’une île et de son temple. Légende ou non, le petit garçon – tout comme le lecteur – va découvrir les guerriers de la lumière et leurs préceptes…

Ce n’est pas un roman, mais bel et bien un manuel. Ce livre est un condensé de philosophie – au sens littéral du terme : l’amour de la sagesse. D’ailleurs, avec la contextualisation ajoutée par l’auteur au début, ce manuel s’inscrit dans la maïeutique. La femme, une Socrate moderne, procède à une réminiscence auprès du petit garçon. Un livre de chevet, que nous devrions relire souvent, pour ne pas oublier l’important, l’essentiel : vivre. Vivre pour soi, toujours dans l’amour de l’autre. Et surtout, toujours profiter de l’instant présent…