Sarah Rees Brennan, Les nouvelles aventures de Sabrina – l’heure des sorcières, Hachette romans

« Mon anniversaire, à la fin du mois d’octobre, approchait à grands pas. L’été touchait à sa fin. J’ai toujours su que le jour de mes seize ans je recevrais le baptême obscure, que j’écrirais mon nom dans le livre du Seigneur Obscur, et que j’entrerais à l’Académie des Arts invisibles. Quand j’étais petite, j’attendais ce jour avec impatience. J’étais pressée de réaliser le rêve de mes parents, d’être la fierté de mes tantes, de devenir une vraie sorcière. »

« A Halloween, quand Sabrina entrera à l’Académie des Arts Invisibles, Faustus Blackwood l’écrasera sous son talon, elle aussi. La demi-sorcière ne sait pas ce qui l’attend. »

Nous y sommes, c’est le dernier jour du mois d’octobre, et avec lui, sa célèbre fête d’Halloween. Quoi de mieux que ce soir pour lire un roman de sorcières ? Pendant le premier confinement, nous avons dévoré – comme beaucoup – les séries Netflix, et avons découvert parmi celles-ci les Nouvelles aventures de Sabrina. Série que je regardais plus petite sur Canal J, autant pour la sorcière que pour son célèbre chat Salem. La série de notre enfance n’a absolument rien à voir avec cette nouvelle formule, plus adulte et plus axée sur la magie… Lorsque j’ai vu que le préquel de la série Netflix existait, je m’en suis emparé, et voici donc ma chronique…

Sabrina est une sorcière pas comme les autres. Son père sorcier et sa mère mortelle ont fait d’elle une « demi-sorcière ». Pourtant, ses tantes Hilda et Zelda, et son cousin Ambrose, comptent sur elle pour renier le monde mortel lorsqu’elle signera le livre du Seigneur Obscur, le 31 octobre, jour de son anniversaire. Ce dernier approche à grands pas, et Sabrina ne sait que faire. Elle adore ses amis mortels et la justice, et ne semble pas vouloir faire le mal… Pourtant, elle va jeter un sort à celui qu’elle aime le plus au monde…

C’est un plaisir de se plonger dans ce roman, en ayant déjà vu la série. On comprend plus de choses qui arriveront par la suite. Mais commencer par ce roman laisse un suspense des plus incroyables si vous regardez la série après. Une jolie lecture pour célébrer cette soirée d’Halloween – sans sortir de chez soi, un chat noir sur les genoux (le mien s’appelle Zouzou). Pour ma part, j’ai creusé mes traditionnelles citrouilles, et nous avons fait une tarte effrayante au chocolat avec ma Maman.

Joyeuse fête d’Halloween à toutes à et à tous, et surtout, restez prudents !

David Foenkinos, La famille Martin, Gallimard.

« En bas de chez moi, il y a une agence de voyages ; je passe chaque jour devant cet étrange bureau plongé dans la pénombre. L’une des employées sort souvent fumer devant la boutique, et demeure quasiment immobile en regardant son téléphone. Il m’est arrivé de me demander à quoi elle pouvait penser ; je crois bien que les inconnus aussi ont une vie. Je suis donc sorti de chez moi en me disant : si elle est là en train de fumer, elle sera l’héroïne de mon roman. »

« Je n’eus d’autre choix que de m’aventurer seul vers le salon. Comme à chaque fois que j’étais invité chez quelqu’un, je regardai la bibliothèque. J’ai l’impression qu’on peut tout savoir d’une personne en observant les livres qu’elle possède. A l’époque où je cherchais à acheter un appartement, je me dirigeais directement vers les étagères, en vue de découvrir les romans qui s’y trouvaient. S’il n’y en avait pas, je quittais aussitôt les lieux. Il m’était impossible d’acquérir un bien dont les précédents propriétaires ne lisaient pas. C’était comme apprendre qu’un crime horrible avait eu lieu au même endroit des années auparavant (chacun ses excès). De la même manière que certains croient aux revenants, je juge tout à fait crédible qu’il puisse exister une sorte de fantôme de l’inculture. »

J’ai découvert David Foenkinos quand j’avais une dizaine d’années, avec la sortie du film la Délicatesse. Ce dernier m’avait donné envie de lire le livre, et de fil en aiguille, j’ai lu tous les romans de l’auteur… et je n’ai pas perdu cette habitude. A chaque sortie, je me précipite à la librairie ! J’ai ouvert La famille Martin sans même lire la quatrième de couverture, pour avoir la surprise jusqu’au bout. Dès les premières pages, j’ai retrouvé l’écriture que j’aime tant de l’auteur…

Un écrivain en mal d’inspiration: c’est décidé, il va s’attacher au réel pour délaisser la fiction. Son prochain livre contera l’histoire d’un inconnu, le premier qu’il croisera. C’est Madeleine Tricot – drôle de nom pour une couturière – dame d’un certain âge. Après lui avoir expliqué son projet d’écriture, c’est toute la famille qu’il rencontre : la famille Martin. L’écrivain aux prises avec la vie réelle, entre dans l’intimité d’une famille dont les aventures seront romanesques…

La plume de David Foenkinos allie avec justesse humour, réalité et fiction. Ce roman a une haute portée philosophique. Alors que nous pensons respectivement, parfois, que notre vie est plate, identique à celle d’autres individus, il nous suffit de prendre le point de vue de l’écrivain pour en faire ressortir son originalité. Cette famille n’a rien de particulier mais en y regardant de plus près, ses aventures sont rocambolesques, romanesques, fantastiques. Un point de vue à adopter pendant le confinement !

Pauline Tressols-Féline, Une vie à tuer, Les Presses littéraires.

« En fait, je crois que plus que tout, le voyage contribue à donner une certaine perspective. Nous sommes coincés dans nos insignifiantes habitudes de vie et notre esprit, mais nous ne sommes pas bloqués physiquement. Et j’ai l’impression que le fait de nous éloigner de notre localisation corporelle peut aider à soulager notre état mental parfois malheureux, ainsi qu’à relativiser sur notre terne routine. »

« Cette nuit, j’ai rêvé que je revoyais ma voiture. Qu’elle était garée, à sa place, devant la maison. Je prenais tout simplement les clés, dans mon sac, allais l’ouvrir et récupérais mon carnet resté dedans. Je crois qu’il faudra que cela arrive, une fois que mon retour sera programmé. Je sens qu’il faut que je lui fasse face. En marchant. »

Un jour du mois de septembre dernier, je reçois un SMS avec la couverture de ce livre. C’est ma tutrice, celle qui a guidé mes premiers pas dans le métier de l’enseignement, et je la remercie pour cette belle année que nous avons passée toutes les deux ! Sa fille, que je connais et dont j’ai suivi le parcours universitaire, vient de publier son premier roman. Inutile de dire que dans les minutes qui suivaient, le livre était commandé ! J’avais hâte de le recevoir, et de le lire. C’est toujours une sensation particulière d’ouvrir un roman écrit par quelqu’un dont on connaît le visage, la voix, les attitudes dans « la vraie vie »… Surtout quand on découvre que cette personne écrit !

Alice est un peu perdue: en terminale, elle ne sait pas encore quelle orientation prendre. Dans un contexte familial qui porte le deuil, elle se retrouve à l’hôpital après un terrible accident de voiture. Avec l’aide de son kiné et de sa famille, Alice change de point de vue sur la vie… Un long chemin qu’elle emprunte…

Un roman à deux voix, celle d’une adolescente perdue et celle d’une jeune femme qui veut prendre en main son destin. L’écriture, dans une simplicité poétique, contraste avec la problématique sombre du roman : le déchirement qu’un adolescent peut vivre, des décisions irrévocables. Deux regards littéralement opposés portés sur la vie, ce roman est un véritable message d’espoir.

Didier Van Cauwelaert, L’inconnue du 17 mars, Albin Michel

« Le mardi matin, une animation frénétique et plombante a envahi mon territoire. Les derniers feux de la liberté. Des centaines de fourmis couraient dévaliser les commerces encore ouverts pour se préparer au siège, pouvoir effectuer en toute sérénité la métamoprhose légale qui ferait d’elles des cigales en vase clos. »

« Et donc je me nourris d’intelligence, d’imagination, d’amour, et je suis arrivée au bout de vos réserves. Vous ne produisiez plus de quoi assurer ma survie – pire : vous alliez causer la disparition de votre écosystème, que vous appelez prétentieusement « l’environnement » alors qu’il vous a créés. Et vous étiez sur le point de vous autodétruire par l’appât du gain, le fanatisme et la bêtise haineuse… Alors plusieurs options s’offraient à nous. »

Le 17 mars 2020. Je pense que ni vous ni moi n’oublierons cette date de sitôt… Ce fameux mardi matin marquait ces derniers instants de préparation au confinement – jusque là vaste concept encore non expérimenté. Une nouvelle organisation dans l’appartement pour que chacun puisse télétravailler à son poste sans gêner l’autre. Une propulsion vers l’inconnu: finalement, nous n’avons jamais le temps de prendre le temps d’être à la maison… Ce roman est un écho au confinement et son histoire relate ces derniers évènements que nous avons tous connus. J’avais hâte de lire ce livre, si proche de nous par cette situation…

Lucas était prof, avait une femme. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui il est SDF et apprend comme tous les français qu’à partir du 17 mars, il sera confiné. Un paradoxe alors qu’il vit dehors toute l’année. Mais un accident va bouleverser cette nouvelle période. Il se fait renverser par une voiture, et se retrouve avec son amour de jeunesse dans sa maison d’enfance… Comment est-ce possible ? Quelle tournure va prendre le confinement ?

Un roman qui vous replonge à la fois dans cette période de confinement, et qui vous permet de prendre le recul nécessaire sur son origine. Entre réalité et science-fiction, l’auteur nous engage à repenser notre façon de vivre et de consommer.

Fabrice Caro, Broadway, Gallimard.

« Quand on habite un fantasme, la moindre des politesses est d’avoir le bagage adéquat, il faut entrer dans un rêve comme on fait du tourisme: en respectant les us et coutumes du pays humble et polymorphe ».

« Rien ne ressemble jamais à ce qu’on avait espéré, rien ne se passe jamais comme on l’avait prévu, le résultat est toujours à des années-lumière de ce qu’on avait projeté, nous sommes tous dans une comédie musicale de spectacle de fin d’année, dans un Broadway un peu raté, un peu bancal, on se rêvait brillants, scintillants, emportés, et on se roule les uns sur les autres, et nos coudes dans nos bouches et nos cuisses entremêlées et nos diadèmes qui tombent sur nos yeux, et on s’extrait de son corps, on se regarde, impuissants et résignés, et on se dit: C’est donc ça la réalité. Tout est foireux par essence, mais on continue de se persuader qu’atteindre son but est la règle et non l’exception. »

J’ai été très occupée ces derniers temps et n’ai donc pas eu le temps de partager avec vous mes dernières lectures ! Comme j’ai un peu de temps devant moi, voici ma chronique sur Broadway de Fabrice Caro. J’ai découvert cet auteur avec sa célèbre bande dessinée Zaï Zaï Zaï Zaï qui m’avait fait beaucoup rire ! Il en avait été de même sur scène, lorsque j’assistais à la pièce radiophonique au théâtre. Lorsque j’ai vu ce nouveau roman, impossible de résister !

Alex a une situation tout à fait respectable: marié, deux enfants, un travail. Son fils dessine ses profs dans des postures obscènes, sa fille lui demande d’aller mettre des cierges pour tuer (au sens littéral) la nouvelle copine de son ex, et sa femme prévoit de partir avec son couple d’amis – amis qu’Alex n’a pas choisis, évidemment. Une situation somme toute banale. Par contre, ce qui est hors du commun, c’est l’arrivée de cette enveloppe bleue dans la boîte aux lettres, destinée à Alex: un courrier de la CPAM destiné aux hommes de cinquante ans. Mais lui n’en a que quarante-six… Erreur ? Destin ?

L’enveloppe bleue est le fil conducteur du roman. Elle nous entraîne dans les méandres de la pensée d’Alex. Un personnage haut en couleurs, qui se retrouve dans des situations cocasses. Situations absurdes que nous avons déjà rencontrées au cours de notre vie. Fous rires assurés en lisant ce roman qui dépeint une réalité bien plus réelle qu’on ne le pense…