Agnès Martin-Lugand, La Datcha, Michel Lafon.

«  »Depuis que tu as mis le pied ici, tu as toujours dansé aux fêtes de la Datcha. Souviens-toi de ta première fête ici… Ce soir, ce doit être la plus belle, n’est-ce pas ? » »

« Un soir, Jo vint chercher Macha qui préparait le dîner pour eux et le vieux paysan il l’attrapa par la main, et l’entraîna à l’extérieur, il lui fit remonter toute l’allée, lui mit les mains sur les yeux et la positionna face au panneau qu’il avait fait forger en secret par un ferronnier du coin. Quand Macha recouvra la vue, elle lut « La Datcha ». Macha avait sa maison, dans sa langue maternelle, dans sa culture. La Datcha pouvait être la maison de tous ceux qui se présenteraient à sa porte. »

Comme tous les ans à cette époque, j’attends avec impatience le dernier roman d’Agnès Martin-Lugand, autrice découverte durant la rédaction de mon mémoire de master de musicologie, il y a quelques années. Si c’était donc sûr que j’allais lire ce roman, il m’interpellait d’autant plus par son titre: la Datcha. Depuis mon arrivée dans mon Grand Est, je prends des cours de russe (j’ai toujours voulu apprendre cette langue qui me fascine, et des cours étaient donnés à deux pas de chez moi). C’est donc ma troisième année. Cela m’a rappelé ce cours où nous avions étudié un texte qui parlait justement d’une дача, cette résidence secondaire paisible. J’ai ouvert la porte de cette Datcha provençale, pas comme les autres…

Hermine, qui déteste son prénom, a eu une enfance compliquée, sans repère. Sortie d’un foyer, elle fait la rencontre de Jo. Sans savoir pourquoi, jeune adulte, elle le suit. Très vite, elle prend ses repères dans cette nouvelle demeure, un hôtel provençal, qui est maintenant aussi la sienne, auprès de Macha et de Jo, ses parents adoptifs. Les années ont passé, et vingt ans plus tard, Jo tire sa révérence. Macha n’a plus le goût de vivre sans son mari. Comment Hermine va-t-elle rebondir ? Qu’adviendra-t-il de la Datcha, désormais sa seule maison ?

Comme pour tous les romans de cette autrice, le lecteur s’imagine de façon détaillée les lieux, les personnages. Impossible de ne pas vous figurer la Datcha, ses multiples lumières les soirs de fête, la bibliothèque, les passages secrets, le Moulin. On vit dans l’ombre, aux côtés des personnages, comme un caméraman qui filmerait en direct ce livre. Une histoire de famille, où les repères de toute une vie sont mis à mal. Des départs, des adieux, des retrouvailles : une illustration d’une tranche de vie. La Datcha est bien plus qu’un simple hôtel: elle est l’écrin de tous les secrets d’Hermine. A nous de prendre les clés de notre Datcha et d’y voir le reflet de notre vie…

Sophie Delassein, Le dernier testament de Maurice Finkelstein, Seuil.

« Ce que je ne découvre pas en revanche, c’est qu’on peut aller au-devant de péripéties imaginables dès lors que l’on s’encombre le quotidien de la tutelle d’un aïeul. Or moi, j’en ai deux : Gisèle et Maurice Finkelstein. »

« Même s’il me hurlait pas mal dessus, je restais sa Sophinette chérie et, allez savoir pourquoi, j’étais convaincue qu’au bout du rouleau les Finkelstein finiraient par me désigner comme leur unique héritière. »

Je remercie tout d’abord Babelio ainsi que la maison d’édition pour l’envoi de ce livre. Comme je vous l’ai dit la dernière fois, le mois de mars est passé à toute vitesse, me laissant (hélas) que très peu de temps pour lire. Il y a des moments comme ça, il faut prendre son mal en patience. Les prochaines semaines, qui s’annoncent plus calmes – contexte sanitaire oblige – vont me permettre de piocher dans ma pile à lire qui a pris de la hauteur, et de partager avec vous ces lectures. Il y a un an, Confinement Ier ne m’avait pas donné envie de lire plus que cela. C’était une période étrange, nouvelle, inconnue. Aujourd’hui, c’est différent, et j’ai un manque accru de lecture !

Sophie – l’autrice et narratrice – ne rêve que d’une chose: toucher le pactole. Elle ne joue pas au loto, mais attend l’héritage de son oncle, Maurice Finkelstein, et de sa tante, Gisèle. Alors que l’histoire familiale de ce couple âgé est des plus compliquée, et non des moins singulières, Sophie a toutes les raisons de croire qu’elle sera la digne héritière de la richesse de son oncle et de sa tante. Alors qu’elle fantasme sur cet héritage, comment sa relation avec son oncle va-t-elle évoluer ?

Un roman qui présente un style oral. Entre des relations familiales complexes, où le faux-semblant est roi, et un récit du quotidien à la manière d’un humoriste de stand-up, Sophie Delassein livre un roman cru, où la superficialité du discours flirte avec des sujets de société profonds. Une lecture détente sympathique.