Joëlle Delange, Le sésame, Evidence éditions.

« O terre sacrée qui produit tout sans qui rien ne peut naître ni mûrir accorde ce que je demande, mets dans ces herbes que tu crées les vertus bienfaisantes et magiques. Et toi, herbe puissante, sois donc propice bénéfique et bienfaisante et permets-moi d’utiliser ses bienfaits à bon escient. Merci, terre mère, je salue. »

« Les feuilles de sésame, comme la graine et l’huile, recèlent de bienfaits. De couleur vert foncé, elles contiennent du carotène, de l’acide ascorbique, du fer, du calcium et des protéines. Il est recommandé vivement aux populations rurales d’en consommer. Les feuilles peuvent être séchées, stockées et utilisées en cas de pénurie, par exemple. »

Voilà bien longtemps, trop longtemps, que je n’ai pas pu publier ici. Pourtant, j’ai quelques chroniques qui attendent, sagement, leur tour. A côté de ma PAL, j’ai maintenant une PAP – pile à publier… Le retour de l’automne va être accompagné de tasses de chocolats chauds, de bons petits gâteaux faits maison, d’un plaid et, bien évidemment, de livres ! Aujourd’hui je vous présente un petit livre très complet sur le sésame. N’ayant pas de culture de sésame à proximité, j’ai choisi les feuilles d’épinard. Si ces deux plantes n’ont rien à voir, leurs bienfaits ne sont plus à démontrer ! J’en profite pour remercier Babelio et la maison d’édition pour l’envoi de ce condensé autour du sésame.

Nous utilisons au quotidien cette petite graine mais dans ce livre, nous découvrons d’autres usages que ceux que nous connaissons. Dans l’alimentaire ou dans les cosmétiques, le sésame a de nombreuses vertus. En plus, ce livre retrace l’histoire de cette plante pas comme les autres, qui a su se rendre indispensable au coeur de diverses civilisations !

Pablo Martin Sanchez, L’anarchiste qui s’appelait comme moi, Zulma.

« Cet acte de rébellion muette marqua les premiers pas de Pablo en ce monde, et la nouvelle se répandit bientôt dans Baracaldo que l’enfant des Martin était incapable de pleure. »

«  »Je ne suis pas seulement venu te voir, Pablito, je suis aussi venu te demander de collaborer avec nous. – … – Nous avons besoin de gens comme toi. – … – C’est notre avenir et celui de milliers d’Espagnols qui est en jeu. – Mais ça fait des années que tu ne vis plus en Espagne, Robin. – Oui, mais j’aimerais pouvoir rentrer un jour et regarder les gens en face sans avoir honte. Pense à ta mère, pense à ta soeur: est-ce que tu vas les laisser pourrir pendant quand tu es ici sain et sauf ? » »

En tant qu’Exploratrice de la rentrée littéraire avec Lecteurs.com, et pour cette deuxième chronique, voici un livre des plus intrigants : L’anarchiste qui s’appelait comme moi. Je redoutais de ne pas entrer véritablement dans l’histoire, étant donné que je ne me dirige pas naturellement vers ce genre de lectures. J’ai été agréablement surprise par celui-ci ! Un extrait de ma chronique a été mis en avant sur le site de lecteurs.com, et je vous invite, évidemment, à consulter cette page pour découvrir d’autres livres chroniqués par d’autres Explorateurs !

Pablo Martin Sanchez délivre un contexte historique poignant avec ce roman sur la dictature de Primo de Rivera. Il a l’audace d’écrire la vie de cet homonyme trouvé au hasard d’une rencontre internet : un anarchiste qui s’appelait comme lui.

A travers ses six cents pages, ce roman raconte l’histoire de Pablo, devenu anarchiste après une déception amoureuse. Epris d’Angela qu’il recherche à travers l’Espagne, il dépose les armes lorsqu’il la reconnait, en compagnie d’un autre homme, un enfant dans les bras. Mais Pablo n’a pas tout perdu : il retrouve son ami d’enfance. Sous couvert d’un lien fort et d’une promesse d’amitié éternelle faite quelques années plus tôt, il se laisse entraîner dans un autre combat : libérer son pays de la dictature.

La vie de Pablo est jalonnée par des quêtes impulsées par un sentiment de justice exacerbé. L’injustice d’une situation financière instable le contraint à suivre son père. Loin de sa sœur et de sa mère, il s’émancipe alors que son père travaille. L’injustice d’un situs inversus met le jeune garçon à l’écart dès les premiers instants de socialisation avec les autres enfants. Pablo est différent. Il doit apprendre à vivre avec. Viennent les injustices plus cruelles encore : celle de cet amour réciproque condamné par la famille d’Angela ou celle de ce pays tombé entre les mains de la dictature. Pablo se construit sans modèle, au gré de ses actions.

L’ossature de ce roman est double. Deux temporalités nourrissent ce roman à l’équilibre parfait. L’auteur jongle avec aisance, entre un Pablo en 1924, et celui, enfant, de 1890. Ce jeu d’écriture donne les clés d’une compréhension totale de la vie bouleversante de l’anarchiste.

L’anarchiste qui s’appelait comme moi est aussi cruel que troublant. La fin, tragique, met en lumière l’injustice de ce pan de l’Histoire espagnole. On s’attache à ce Pablo, enfant comme adulte, on tremble, on espère, et on prend conscience que ces personnes, tombées dans l’oubli, ont aussi leur histoire à raconter.

Marie Mangez, Le Parfum des cendres, Finitude.

« Ce corps, il le humait, oui, voilà ! C’était ça. Précisément. Il humait le défunt. Dans une inspiration profonde, comme si sa vie en dépendait. Quelques secondes en suspension, durant lesquelles le reste du monde semblait ne plus exister. »

« Je me sens trop vivante pour ne pas être passionnée par la mort, monsieur Bragonard. Comme beaucoup de personnes, non ? […] Qu’est-ce qui vous intéresse dans la mort ? » Silence profond. Il semblait sincèrement réfléchir à la question. « La vie ». »

Nous y voilà : la rentrée. Si elle est incontestablement liée à l’école, elle annonce aussi de nombreuses parutions littéraires. Alors que cette rentrée littéraire bat son plein, je peux enfin vous parler de quatre premiers romans que j’ai pu lire cet été en avant-première. J’ai l’immense honneur d’avoir été retenue pour faire partie de cette belle aventure des Explorateurs 2021 – proposée par Lecteurs.com ! J’ai choisi de vous présenter les livres dans le sens dans lequel je les ai lus, après avoir ouvert ce colis – un cadeau de Noël reçu en plein été. Bien sûr, je vous invite dès maintenant à suivre cette rentrée littéraire sur Lecteurs.com, où vous retrouvez dès maintenant les chroniques de mes 49 collègues Explorateurs. Pour l’occasion, notre plume a pris des tournures plus journalistiques… Voici donc ma chronique, que vous pouvez consulter aussi ici : https://www.lecteurs.com/livre/le-parfum-des-cendres/5630699

Pour son premier roman, Marie Mangez ose un sujet glauque et funeste. Doctorante en anthropologie, elle pose son regard d’universitaire sur l’Humain grâce à Alice, son personnage principal.

Un roman court mais percutant où il est question de vie et de mort. Alice, doctorante autour des soins mortuaires, mène ses recherches auprès de différents thanatopracteurs. Ses recherches prennent un tournant radical avec Sylvain, ce curieux embaumeur. Cet homme taciturne ne trouve sa place qu’auprès des morts, qu’il renifle à pleins poumons. Son attitude singulière et dégoutante interpelle Alice. Les échanges entre les deux personnages sont concis, malgré les relances d’Alice. Tout les oppose. Alors qu’Alice doit découvrir le monde des morts, Sylvain doit réapprendre à vivre avec les vivants.

Sylvain porte un lourd secret. Alors qu’il était destiné à un destin de parfumeur, un accident de moto l’a rendu anosmique. Depuis, il trouve son équilibre auprès des morts. Pour lui, chaque personnalité a un parfum. Même un cadavre. Alice, avec son énergie débordante, perce à jour Sylvain. Ensemble, ils mènent un travail sur eux. Les deux personnages trouvent leur équilibre en apprenant l’un de l’autre.

Une entrée fracassante donne le ton de ce roman : le travail au corps d’un cadavre, avec tous ses détails morbides. La cause de la mort, le corps malmené, écrasé, sont explicités avec finesse. La recherche documentée sur la thanatopraxie apporte à ce roman une assise indispensable. Une méconnaissance mène à un fort rejet de ce métier. Mais la description rebutante est contre balancée par un humour essentiel à la conduite de ce roman. Une certaine légèreté s’échappe alors de cette morgue.

Le parfum des cendres déroute. On lit avec appréhension, et un certain écœurement les premières pages. Un sentiment qui s’estompe au fil de la lecture, où on est conquis par une curiosité qui prend tout son sens.